Les priorités de la France pour le G7
Emmanuel Macron, président de la République française
Supplément spécial au G7 Canada: The 2018 Charlevoix Summit,
John Kirton et Madeline Koch (dir.), GT Media, 2018
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L'invitation du président du G7 Justin Trudeau au Sommet de Charlevoix nous donne l'opportunité d'apporter des réponses à des défis de plus en plus pressants. Nous sommes confrontés aux inégalités créées par la mondialisation, aux menaces qui pèsent sur notre planète, aux attaques contre la démocratie et à la déstabilisation de la communauté internationale par de nouvelles puissances. Dans un tel contexte, il est de notre responsabilité, au sein du G7, de réaffirmer la force de ce qui nous unit. Ce groupe de pays est avant tout fondé sur des valeurs communes et un goût pour la liberté. Depuis sa création, le G7 défend la démocratie, les droits de l'Homme et le respect de l'Etat de droit. Aujourd'hui, grâce à l'action résolue du Canada, le G7 nous permet de répondre aux interférences dont sont victimes nos démocraties et au virus inédit des fake news.
Le G7 est le lieu où nous pouvons réfléchir à notre avenir en commun, qui passe nécessairement par un multilatéralisme plus fort, plus efficace et plus responsable. Nous devons éviter toute tentation isolationniste car il est illusoire de croire qu'en fermant sa porte au monde, l'on en arrête les évolutions. Nous devons redonner du sens à la communauté internationale et réinventer nos institutions multilatérales dans une logique de résultat.
Le G7 doit continuer à se montrer intraitable dans la lutte contre le terrorisme, sur tous les fronts : suivi des combattants terroristes et de leurs réseaux, assèchement de leurs sources de financement, en s'appuyant sur le Groupe d'action financière (GAFI) créé par le G7 en 1989, et combat sans relâche contre la propagande terroriste sur internet, qui sème les graines du fanatisme. Le G7 nous offre aussi un cadre efficace pour coordonner notre action de politique étrangère et travailler ensemble à la paix, notamment en Syrie ou au Sahel.
Nous ne devons pas perdre de vue qu'une réponse durable aux conflits et à l'extrémisme violent doit s'attaquer à leurs causes et redonner des opportunités à la jeunesse. C'est pourquoi nous nous engageons à défendre les objectifs de développement durable en restant particulièrement vigilants sur l'emploi des jeunes, l'éducation et la promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes, thème que la présidence canadienne a eu raison d'inscrire comme priorité transversale du G7.
La plus grande menace pour nos sociétés et les générations futures est celle qui touche l'avenir même de notre planète. La mise en œuvre de l'Accord de Paris sur le climat adopté en 2015 est une nécessité vitale et doit être soutenue par le G7, en amont de la COP24 qui se déroulera en Pologne en décembre. Il est aujourd'hui urgent de nous inscrire dans une trajectoire viable de transition vers des économies sobres en carbone et d'enrayer le rythme inquiétant de disparition de la biodiversité, car nous n'avons pas de planète B. Le G7 a une responsabilité majeure dans ce domaine. Il peut aussi mettre en lumière les opportunités économiques immenses de cette transition vers des économies vertes. Nous devons nous montrer innovants et entreprenants et c'est pourquoi je me réjouis de l'initiative prise par le Canada d'inscrire la préservation et la valorisation des océans à l'agenda du Sommet de Charlevoix.
Nous devons enfin repenser la mondialisation et construire des économies de marché régulées de manière intelligente. A Davos, j'avais énoncé mon souhait d'élaborer conjointement avec nos partenaires internationaux une mondialisation qui protège, qui partage et qui investit, à laquelle peuvent s'identifier les populations. Je salue l'engagement de la présidence canadienne en faveur d'un modèle de croissance inclusive.
Pour ce faire, nous avons besoin d'un commerce libre et équitable. Face aux préoccupations légitimes à l'égard des déséquilibres commerciaux et des pratiques commerciales agressives, nous devons coopérer, renforcer les règles multilatérales et l'efficacité de l'Organisation mondiale du Commerce.
Nous devons aussi appréhender l'impact du numérique sur l'emploi et identifier des mesures qui permettent que cet essor technologique se fasse au bénéfice de tous, tout en protégeant la vie privée et les données personnelles. C'est pourquoi nous avons placé l'intelligence artificielle au cœur des travaux du G7, pour trouver le bon équilibre entre innovation et éthique, et anticiper ensemble les évolutions des sociétés et de l'économie de demain.
Au-delà de ces grands dossiers, les réponses apportées par le G7 sont plus légitimes quand elles associent les acteurs non-étatiques et la société civile au sens large ; c'est un gage de succès. Le Canada a ainsi réussi à garantir une participation exemplaire des jeunes, des femmes, des ONG et de la communauté universitaire tout au long de la préparation du sommet de Charlevoix.
Parce que le G7 doit faire avancer les grands dossiers du moment, parce que les questions qui requièrent son attention sont majeures, parce qu'il est nécessaire de défendre les acquis du multilatéralisme, je mesure l'importance de la tâche qui sera celle de la France en 2019 lorsqu'elle présidera à son tour le groupe. Cent ans après la fin de la Grande Guerre, ne réitérons pas les erreurs du passé ; restons vigilants, animés par le vœu d'une action collective pragmatique et efficace.
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