Du Canada à la Corée :
Promouvoir un leadership mondial
dans le cadre du G8 et du G20
Par Stephen Harper, premier ministre, Canada
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En juin 2010, le Canada a eu l’honneur d’être l’hôte de deux sommets internationaux consécutifs. C’est ainsi que les dirigeants du G8 se sont réunis à Muskoka les 25 et 26 juin 2010, alors que ceux du G20 en ont fait autant immédiatement après, à Toronto, les 26 et 27 juin 2010. Lors de ces rencontres, j’ai eu l’occasion de participer à des échanges francs et ciblés avec d’autres dirigeants internationaux sur certains des enjeux planétaires les plus importants à l’heure actuelle.
Sous la présidence canadienne du G8, les dirigeants se sont concentrés de nouveau sur les questions de développement ainsi que sur les enjeux de paix et de sécurité les plus urgents. L’Initiative de Muskoka pour la santé maternelle, néonatale et infantile se voulait l’initiative phare du Sommet. Les membres du G8 se sont engagés à y consacrer jusqu’à 5 milliards $US, à l’horizon de 2015, sous forme de ressources financières nouvelles et additionnelles. D’ici là, ils s’attendent à mobiliser un soutien financier de loin supérieur aux 10 milliard $US prévus. Pour sa part, le Canada prévoit d’y affecter 1,1 milliard $CAN sous forme de nouvelles ressources. Il entend également renouveler sa contribution financière existante, de l’ordre de 1,75 milliard $CAN, au cours des sept prochaines années, de sorte que sa contribution totale se chiffrera à 2,85 milliards $CAN sur cinq ans.
Notre pays est aussi parvenu à faire valoir ces engagements financiers afin d’amener d’autres gouvernements, le secteur privé et des organisations internationales à apporter une contribution et un soutien additionnels. En effet, l’Initiative de Muskoka a été élaborée avec la collaboration étroite des Nations Unies et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) – la première enceinte internationale ayant vocation à promouvoir la santé maternelle et infantile. Il a ainsi été possible d’obtenir des engagements financiers d’un large éventail d’organismes, y compris de plusieurs fondations et donateurs privés de pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dont la Fondation Bill et Melinda Gates. De plus, l’Initiative de Muskoka s’avère essentielle à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), adoptés à l’échelle internationale. Elle a en outre donné l’impulsion requise à la Réunion plénière de haut niveau sur les OMD, en septembre 2010, au siège des Nations Unies à New York. Ces efforts contribueront à améliorer les conditions de vie des femmes et des enfants dans les pays en développement.
Le nouvel engagement en faveur de la responsabilisation, l’une des grandes priorités de la présidence canadienne du G8, constitue l’un des points marquants de l’Initiative de Muskoka. Les pays donateurs et bénéficiaires, y compris nos partenaires africains, se sont en effet engagés à mettre en œuvre l’Initiative en veillant au respect mutuel de leurs engagements. Pour cela, il est prévu d’utiliser un mécanisme de suivi. C’est pourquoi, nous avons publié le Compte rendu des activités de Muskoka : Évaluation des actions et des résultats à l’égard des engagements liés au développement. Il s’agit d’un document historique, qui aidera le G8 à donner suite aux engagements souscrits à ce jour. C’est là un précédent important en prévision des prochains sommets.
Les dirigeants du G8 se sont exprimés avec force et d’une seule voix sur des questions de sécurité cruciales, telles que la prolifération nucléaire ainsi que les failles de sécurité ayant pour cause le terrorisme, les conflits et la criminalité organisée. Tout particulièrement, nous avons envoyé des messages clairs à l’Iran, notamment en l’exhortant à respecter ses obligations internationales au regard de son programme nucléaire. Nous avons aussi condamné l’attaque du 26 mars qui a entraîné le naufrage du navire Cheonan de la marine sud-coréenne et avons demandé à la Corée du Nord de ne pas perpétrer d’autres attaques ni de brandir la menace d’hostilités à l’encontre de la République de Corée. Nos discussions ont aussi porté sur un certain nombre d’autres situations prioritaires, y compris l’Afghanistan.
Grâce aux discussions entre les dirigeants du G20, à Toronto, ce dernier pourra mieux s’acquitter de son rôle relativement nouveau en tant que première instance de coopération économique internationale. À Toronto, nous avons convenu que le Cadre du G20 pour une croissance solide, durable et équilibrée, établi à l’automne 2009, s’avérait essentiel à la coordination de notre coopération économique internationale. De même, nous avons dégagé des mesures précises à prendre sur le moyen terme, qui aideront l’économie mondiale à s’engager sur la voie d’une croissance plus durable. Sur ce point, au nombre des grandes réalisations de Toronto, il convient de citer l’adoption par les dirigeants de cibles proposées par le Canada. Plus spécifiquement, les économies avancées veilleront à réduire au moins de moitié leurs déficits d’ici 2013 et à stabiliser les ratios de leur dette par rapport au PIB ou, du moins, à induire une baisse de ce ratio d’ici 2016.
À Toronto, l’atteinte des objectifs du G20 concernant la réforme du secteur financier a également progressé. Ces avancées aideront à empêcher les prises de risques excessives, comme celles qui ont provoqué la crise actuelle. Tout particulièrement, pour renforcer les cadres réglementaires dans le secteur financier, les dirigeants ont convenu de la nécessité d’accroître considérablement la quantité et la qualité du capital détenu par les banques. Il a aussi été admis qu’un contrôle et une supervision plus efficaces devaient servir de complément à des règles plus strictes. Par ailleurs, le Sommet de Toronto a donné lieu à des progrès importants en ce qui concerne la responsabilité du secteur financier. S’il s’est confirmé que ce secteur devait apporter une contribution équitable et importante, en assumant sa part du fardeau budgétaire lié aux interventions de l’État, il a été entendu que les orientations stratégiques précises varieraient d’un pays à l’autre. En conséquence, si certains membres du G20 pourraient choisir d’appliquer une nouvelle taxe sur les institutions financières, par contre il est fort probable que le Canada n’adopte pas une telle mesure.
Le G20 a pris l’initiative d’un certain nombre de réformes, qui auront pour effet d’accroître la légitimité, la crédibilité et l’efficacité des institutions financières internationales. À Toronto, il a été en mesure de donner suite à un certain nombre d’engagements antérieurs, notamment la décision d’accroître, à hauteur de 350 milliards de dollars, le capital général des banques multilatérales de développement, de telle sorte que celles-ci pourront presque doubler les prêts consentis aux fins de développement. Toujours à Toronto, nous avons souscrit aux réformes récentes engagées par la Banque mondiale et appelé à une accélération des réformes additionnelles au régime des quotes-parts et de gouvernance au Fonds monétaire international (FMI).
Conscients du rôle du commerce et des investissements internationaux dans la poursuite de la reprise et une croissance durable à l’échelon mondial, les dirigeants du G20 ont aussi convenu de maintenir pour une période additionnelle de trois ans, soit jusqu’en 2013, leur engagement à ne pas imposer de barrières protectionnistes au commerce et à l’investissement. Nous avons aussi réaffirmé notre soutien au cycle de négociations de Doha pour le développement, sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), afin que celui-ci donne des résultats équilibrés et ambitieux. Enfin, nous nous sommes engagés à maintenir l’impulsion donnée au programme « Aide pour le commerce ».
Nos discussions sur l’ordre du jour économique mondial ont aussi beaucoup progressé à Toronto, mais elles sont loin d’être terminées. Lorsque les dirigeants du G-20 se réuniront à Séoul, en Corée, les 11 et 12 novembre 2010, ils devront maintenir l’impulsion en faveur de la concrétisation des engagements pris à Toronto et lors de Sommets antérieurs, avec pour objet d’empêcher un recul de la croissance et de la création d’emploi. Cela englobe le suivi de l’engagement pris à Toronto de réduire le déficit et l’endettement des gouvernements. De même, il s’agit de donner suite aux mesures stratégiques énoncées dans le Cadre du G20, pour pouvoir annoncer à Séoul un plan d’action global visant à améliorer la croissance et les perspectives de développement à l’échelle mondiale.
Nous devons aussi veiller à ce que la réforme de la réglementation et du secteur financier se poursuive. Tout particulièrement, à Séoul, nous devons nous entendre sur les mesures précises à prendre afin d’augmenter le capital requis des banques, d’améliorer la supervision des activités du secteur financier et de remédier aux problèmes liés à des institutions financières importantes d’un point de vue systémique. S’agissant de la réforme des institutions financières internationales, à Séoul, les membres du G20 devraient être en mesure d’annoncer qu’ils ont ratifié, dans leur intégralité, la réforme des quotes-parts et de la représentation adoptée en 2008 par le Fonds monétaire international (FMI), qu’ils ont terminé la réforme actuelle des quotes-parts et que, dans la foulée, ils ont achevé d’autres réformes à la gouvernance du FMI, tel qu’il a été convenu à Toronto.
De même, le Sommet de Séoul s’avérera important pour l’établissement de priorités tournées vers l’avenir au G20, au-delà de la simple gestion de crise. À Toronto, les dirigeants se sont entendus pour poursuivre leurs discussions sur le développement et la lutte contre la corruption. Nous avons également créé deux nouveaux groupes de travail chargés de ces questions. Nous avons hâte de connaître l’état d’avancement de leurs travaux et leurs propositions à Séoul.
Les Sommets dont le Canada a été l’hôte en 2010 ont montré que le G8 et le G20 remplissaient des rôles différents, mais complémentaires, en ce qui concerne le développement, la paix et la sécurité ainsi que la situation économique à l’échelle internationale.
Nous avons tout lieu d’être fiers du travail accompli à Muskoka et à Toronto, et cela au moment où nous sommes sur le point de poursuivre ce travail avec la collaboration des dirigeants du G20, en Corée, cet automne, et avec le concours de mes homologues du G8 et du G20, l’année prochaine, en France.
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