Le genre sur l'agenda du G7 de la France en 2019
Marie Dubois, Groupe de recherche sur le G7
22 octobre 2018
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Le G7 a su s'imposer depuis 1975 comme un symbole de la gouvernance économique et démocratique mondial. On observe cependant, depuis ce moment-là, l'arrivée de thèmes émergeants tel que les droits de l'homme ou encore le développement durable. Ces nouveaux thèmes sont portés en grande partie par les Objectifs du Millénaire pour le développement de l'Organisation des nations unies qui mettent en avant l'importance d'un développement aussi bien économique que non économique dans les pays en développement.
Il faut attendre jusqu'en 2010 cependant pour que la France contribue visiblement et activement à la réduction des inégalités de genre dans le monde grâce à l'Initiative de Muskoka sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, pilotée par la présidence canadienne du sommet Muskoka du G8 en 2010. Le Fonds Français Muskoka continue de porter cette initiative. Ces deux initiatives se ressemblent notamment de par leur fonctionnement. Toutes deux facilitent l'accès à la planification familiale, c'est à dire l'accès à la contraception et aux soins obstétriques, et permettent également de supporter les systèmes de santé nationaux dans les pays concernés ainsi que des programmes liés à la nutrition ou à l'hygiène. Ces initiatives semblent avoir eu un réel impact sur le taux de mortalité des mères dans les pays concernés. Ainsi, l'Organisation Mondiale de la santé indique qu'en République Démocratique du Congo, la proportion de décès de femmes enceintes parmi les femmes en âge de procréer est passée de 24,8% en 2010 à 22,3% en 2015, cinq ans après la mise en place de ces initiatives.
Cependant, malgré la bonne volonté affichée d'aider les femmes et filles des pays en développement à s'émanciper, il faut attendre le sommet de Taormina en Italie en 2017 pour voir le thème de l'égalité des genres au premier plan. Plusieurs objectifs ont été fixé concernant l'implication des femmes dans l'économie, le trafique et l'exploitation des femmes ou encore l'intersectionnalité. Même si les dirigeants ont dédié moins d'espace à la question du genre qu'aux thèmes plus usuels comme la sécurité mondiale, une part significative de l'agenda de Taormina fut consacré à cette question. En 2018, le premier ministre canadien Justin Trudeau a également décidé d'accorder une grande importance à l'égalité femmes-hommes durant la présidence canadienne du G7 et le sommet de Charlevoix.
Le sommet de Charlevoix marque la fin d'un cycle de sommets, depuis le sommet Deauville en France en 2011. Charlevoix a réellement permis de mettre en avant les droits des femmes en matière de santé, d'éducation et d'accès au marché de l'emploi. Sous la présidence Canadienne, un des cinq grands thèmes était la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes. Un rapport, créé par le Conseil consultatif sur l'égalité des sexes (CCES), a été produit s'intitulant : Faire de l'inégalité des sexes une histoire du passé. Ce rapport, très complet, pose pour la première fois au G7 des objectifs réels dans tous les domaines de l'égalité des genres. On retrouve ainsi les thèmes habituels tels que la santé et l'éducation mais aussi de nouveaux thèmes tels que la sécurité, l'économie, l'environnement et la participation des femmes et des filles dans l'espace publique. Ce conseil, ainsi que le rapport qui en a découlé, est une première dans le cadre du G7, posant ainsi, peut-être, les bases d'un nouveau grand thème au sein des sommets du G7.
En fait, il semble que le Président français Emmanuel Macron souhaite continuer sur cette lancée, mentionnant durant son discours aux Nations Unis en Septembre 2018 sa volonté de mettre sur l'agenda de la présidence française du G7 pour le sommet de 2019 à Biarritz la lutte contre les inégalités. Si le Président français décide de conserver les thèmes annoncés aux Nations Unis, cela serait la première fois que la présidence française dédirait un thème entier à l'égalité des genres. En effet, au cours des six années où la France a présidé le G7/8 depuis le premier sommet en 1975, elle n'a jamais mis sur son agenda un thème entier consacré aux femmes ou à la question du genre. La présidence française a déjà confirmé son aspiration à continuer un conseil pour l'égalité entre les sexes pour 2019. Cependant, même si la France est impliquée dans de nombreuses initiatives pour la promotion de l'émancipation des femmes et des filles dans le monde, l'idée d'égalité en elle même ne se retrouve que très peu en pratique.
Une des initiatives la plus remarquable reste bien sûr la Stratégie internationale de la France pour l'égalité entre les femmes et les hommes (2018–2022). Celle-ci est censée donner le ton de la perspective française en matière d'égalité des genres. Cette stratégie contient de nombreuses recommandations afin de favoriser l'égalité dans tous les domaines, notamment politique. Cette stratégie est d'autant plus visible par les fonds que dédient la France, à travers l'Agence Française de Développement, à plusieurs pays en développement afin de soutenir l'autonomisation des femmes et l'égalité des genres. Bien que nombre des recommandations de la stratégie française se retrouvent dans le communiqué du G7 de Charlevoix, il serait intéressant de voir si la présidence française souhaite mettre cette stratégie sur son agenda afin d'étendre son influence aux autres pays du G7.
Marie Dubois est une étudiante française effectuant une maitrise en Études Internationales à l'Université de Montréal. Elle poursuit actuellement un stage auprès du Groupe de recherché sur le G7 à la Munk School of Global Affairs and Public Policy à l'Université de Toronto. Elle a également obtenue une licence en science politique à l'Université Lumière Lyon II en 2017. Sa recherché se concentre sur la question du genre. Elle souhaite un jour pouvoir travailler avec les grandes organisations internationales afin de lutter contre les inégalités femmes-hommes.
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